Pour le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, M. Jean Ziegler, le droit à l'alimentation est le droit d'avoir un accès régulier, permanent et libre, soit directement, soit au moyen d'achats monétaires, à une nourriture quantitativement et qualitativement adéquate et suffisante, correspondant aux traditions culturelles du peuple dont est issu le consommateur, et qui assure une vie psychique et physique, individuelle et collective, libre d'angoisse, satisfaisante et digne.
Le droit à l’alimentation comprend le droit d’être aidé si l’on ne peut pas s’en sortir seul, mais c’est avant tout « le droit de pouvoir s’alimenter par ses propres moyens, dans la dignité. »
Il comprend également l’accès aux ressources et aux moyens pour assurer et produire sa propre subsistance : l’accès à la terre, la sécurité de la propriété ; l’accès à l’eau, aux semences, aux crédits, aux technologies et aux marchés locaux et régionaux, y compris pour les groupes vulnérables et discriminés ; l’accès aux zones de pêche traditionnelle pour les communautés de pêcheurs qui en dépendent pour leur subsistance ; l’accès à un revenu suffisant pour assurer une vie digne, y compris pour les travailleurs ruraux et les ouvriers de l’industrie, ainsi que l’accès à la sécurité sociale et à l’assistance pour les plus démunis.
Le droit à l’alimentation a donc deux composantes essentielles : la disponibilité de l’alimentation et l’accès à l’alimentation.
Premièrement, une alimentation acceptable culturellement, en quantité suffisante et d’une qualité propre à satisfaire les besoins alimentaires de l’individu, doit être disponible pour chacun, c’est-à-dire qu’elle doit pouvoir être obtenue soit directement de la terre ou d’autres ressources naturelles, soit auprès de systèmes de distribution adéquats.
Deuxièmement, toute personne doit avoir accès, physiquement et économiquement, à l’alimentation.
Physiquement signifie que toute personne, y compris les personnes physiquement vulnérables comme les nourrissons et les jeunes enfants, les personnes âgées, les handicapés, les malades en phase terminale et les personnes qui ont des problèmes médicaux persistants, dont les malades mentaux, doit avoir accès à une alimentation adéquate et suffisante.
Economiquement veut dire que les dépenses d’une personne, d’un ménage ou d’une communauté permettant d’assurer un régime alimentaire adéquat ne doivent pas mettre en danger la jouissance des autres droits de l’homme, comme la santé, le logement, l’éducation, etc.